D é p r o g r a m m a t i o n

Initié par Dina Khuseyn et Emilie Houdent, le projet Déprogrammation a consisté à saisir l’opportunité de la mutation de la Manufacture Atlantique à Bordeaux pour fabriquer une manifestation autrement et expérimenter un usage utopique du lieu. Délestées d’une posture de sélection, les curatrices de Déprogrammation ont adopté un geste de suggestion.
L’intensification des échanges qu’induisent les moments de transition et l’absence de direction ont ouvert une séquence d’exception, un terrain ouvert propice à l’expression d’une réflexion collective. Les discussions se sont peu à peu érigées en projet. Faire exister à l’état d’expérience artistique ce que suppose une révolution, à savoir une pensée concomitamment en élaboration et en action. Programme signifie « ce qui est écrit avant ». Déprogrammation a tenté d’inventer le présent d’un projet, à mettre en scène l’imprévu, et d’offrir à chacun de se ressaisir d’une liberté de penser et d’agir.
Dans un jeu de miroir avec un ordre sociétal en tension, le centre d’art en transition a proposé à ses voisins et aux artistes liés au lieu, de s’emparer de son enveloppe et de son organisation pour en ré-imaginer le projet tant sur la forme que sur le fond. Arrimée à l’idée que l’art s’extrait du réel tout en étant partie prenante, Déprogrammation a fait de la Manufacture le lieu de sa propre fiction.
En mettant la création et l’institution qui l’accueille au service d’une réflexion sur leur place et leur fonction dans la société, Déprogrammation s’est fabriquée sur l’idée la transformation du monde par l’art : transformation de la relation à l’autre (migrations, questions de genre), transformation des systèmes d’organisation (démocratie, participation, capitalisme, relation à l’environnement, relation au travail).
Déprogrammation a ainsi concentré des ateliers, des performances, des conférences-débats, des projets participatifs, croisant esthétique et politique et résonnant les uns aux autres.